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VIDEO - Plan blanc à l’hôpital d’Ajaccio : « les mesures prises sont adaptées à la situation actuelle »


Julia Sereni le Mardi 10 Mars 2020 à 19:22

Pascal Derudas, directeur-adjoint du centre hospitalier d’Ajaccio en charge de la Qualité, de la Gestion des Risques, de la Communication et des Plans et Crises Sanitaires fait le point sur la gestion de l'épidémie de Coronavirus.



Le plan blanc mis en place au centre hospitalier d'Ajaccio (Images Michel Luccioni)
Le plan blanc mis en place au centre hospitalier d'Ajaccio (Images Michel Luccioni)
Que pouvez-vous nous dire sur le plan mis en place à Ajaccio ?
Le Plan Blanc Etablissement (PBE) est un plan qui vise à disposer des moyens maximaux pour prendre en charge une situation sanitaire exceptionnelle : en l’occurence tous nos personnels mobilisés sont sur le pont, cela veut dire, sur le volet des ressources humaines que les congés et les formations ont été annulés, sur le volet organisationnel que la plupart des interventions chirurgicales non urgentes ont été déprogrammées afin de pouvoir disposer de personnels et de locaux. Par ailleurs, les accès sont désormais contrôlés et filtrés : à l’hôpital Eugenie - qui est en PBE également, les visites sont purement et simplement interdites, en raison de la population à risque qui s’y trouve, et au Centre Hospitalier d’Ajaccio (CHA) celles-ci sont contrôlées et limitées à une seule personne par patient.
 

Que pouvez-vous nous dire sur l’organisation du personnel ?
 Il y a des personnels rapatriés à l’hôpital en interne dans le cadre de ce que l’on appelle le redéploiement, par exemple les consultations sont annulées donc les personnels de consultation sont redéployés dans d’autres services. Ensuite, il y a la réserve sanitaire, qui n’est pas pilotée par le CHA mais par l’Agence Régionale de Santé (ARS). Elle est constituée de personnels qui sont pour la plupart retraités, médecins ou professionnels de santé tels que pharmaciens ou aide-soignants et qui sont « utilisés » par l’ARS pour venir en aide aux personnels de l’hôpital en cas de défaillance, car nous ne sommes malheureusement pas à l’abri d’être atteints nous aussi par le COVID.
 
Et concernant les tentes installées devant l’hôpital ? Sont-elles en service ? 
 Non, pas à l’heure où nous parlons. La première est une tente de tri, qui est positionnée en amont, à l’entrée de l’hôpital, c’est une tente d’accueil dans laquelle sera effectué le tri sur symptomatologie de patients potentiellement grippés ou non grippés. En clair : le patient arrive à l’hôpital, des médecins et des infirmiers le reçoivent, un examen ou un questionnaire est pratiqué ; soit le patient est suspect d’être porteur du virus et doit être prélevé et orienté vers la seconde tente, qui est une tente de prélèvement, soit le patient est exclu, auquel cas il retourne à son domicile. Dans la situation actuelle nous ne sommes pas en épidémie officielle, si nous passons au stade 3 l’organisation sera différente. 
 
Pensez-vous que nous allons passer au stade 3 prochainement ?  
Cela dépendra du Préfet et des décisions d’Etat. 
 

La protection des personnels et des soignants est-elle suffisamment bien assurée ?
Bien avant aujourd'hui des mesures de protection avaient été mises en oeuvre. Elles s’appuient sur le port de masques de protection, de charlottes, de lunettes de protection, de gants et de surblouses pour les personnels dits « à risques » ou « exposés », c’est-à-dire les urgences et notamment l’Unité d’Hospitalisation de Courte Durée (UHCD) et l’unité de soins continus. C’est la tenue standard que portent nos agents qui sont dans des secteurs dits « exposés » ou « à risques ». Les autres agents, en application des directives nationales et des recommandations, portent des masques chirurgicaux car le masque FFP2 ne doit être porté que par des personnels qui procèdent à des actes invasifs. 
 
Les masques et autres matériels de protection sont-ils aujourd’hui en nombre suffisant ? 
A l’heure où nous parlons oui.
 
Et si la situation connait une accélération ? 
En terme de réactivité, nous sommes prêts. Après, je ne sais pas si nos demandes seront validées en volume à hauteur de ce qu’elles seront.
 
Quelle évolution de la situation pour les prochains jours? 
Nous sommes en face pré-épidemique officiellement, même si il y a un cluster à Ajaccio. Lorsque nous serons en face d’épidémie il y aura à gérer un nombre plus important de patients donc des consommations plus importantes de matériels de protection. Ensuite tout ceci va s’estomper pour prendre fin dans peut-être un à deux mois. Il n’y a rien d’extraordinaire dans cette situation, on voit et on entend des choses sur le sujet qui sont surréalistes. Certes, il s’agit d’une épidémie avec un virus inconnu qui a un effet sur nos populations, nos soignants, nos agents, nos usagers, mais il ne s’agit que d’un effet classique d’un début d’épidémie.
 
Trouvez-vous que la couverture de l’information est exagérée ? 
Complètement, je trouve qu'il y a un traitement de l’information faussé de la part des réseaux sociaux, qui diffusent des informations qui ne sont pas vérifiées ou erronées. Cette crise avant d’être sanitaire est surtout une crise de mauvaise information et de communication. 
 
Doit-on s’inquiéter de la situation internationale, et notamment italienne ? 
Je ne critique pas la façon dans la crise est gérée en Italie, ni en Chine, ni en Corée du Nord mais à titre personnel je ne suis pas inquiet, car lorsque l’on travaille en milieu hospitalier on sait que l‘on peut être confronté à des pathologies, des maladies, des épidémies, des pandémies. C'est la même chose mais au niveau planétaire. Si on applique nos mesures-barrières on participe à la limitation de cette épidémie. 
 
Selon vous les mesures prises sont donc suffisantes ? 
Je n'ai pas dit qu’elles étaient largement suffisantes mais elles sont adaptées à la situation actuelle, qu’il s’agisse des tentes ou des matériels utilisés.